La Saison 23-24

1780 : Mozart cherche désespérément à échapper à Salzbourg et à son
prince-archevêque Colloredo. Aussi est-ce pour Joseph II qu'il entreprend
la composition du Singspiel [opéra en langue allemande] intitulé Zaïde
et inspiré de la pièce Zaïre (1732) de Voltaire, représentée à Salzbourg 
en 1777. Ce Singspiel resta toutefois inachevé et ne fut créé qu'en 1866, 
avant d'être repris en 2023 à l'Opéra de Rennes avec une musique 
complétée par Robin Melchior. Ce dernier compose l'Ouverture «comme un dialogue entre les siècles, inspiré du style de Mozart 
pour écrire une nouvelle musique qui entre en résonance avec l'œuvre 
d'origine». 1784 : Mozart a changé de vie… et de monde ! Installé à 
Vienne depuis 1782, il compose, compose, compose - notamment pas 
moins de six concertos pour piano dans la seule année 1784. «Je ne 
puis arriver à faire un choix entre ces deux concertos en si bémol 
[K 450*] et en ré [K 451]. Je les tiens tous deux pour des concertos qui 
vous mettent en nage […]» écrit-il à son père. Daté du 22 mars, le 
Concerto n°16 sera suivi dès le 12 avril par le Concerto n°17, dans le final 
duquel Mozart utilise comme thème (suivi de cinq variations) le chant 
d'un fidèle animal de compagnie : son étourneau bien-aimé. 
 
* cf. concert du 14 novembre 2023

 
Qui a écrit la musique du film Les Aventures de Robin des Bois (1938) ?
C'est Erich Wolfgang Korngold, natif de Vienne (Autriche) et Américain
d'adoption en 1943, soit dix ans après avoir composé son iconoclaste
Quatuor à cordes n° 2. Iconoclaste, ce quatuor l'est par l'intégration des
deux images traditionnelles de Vienne : d'un côté le cadre et le sens de
l'élaboration formelle de la tradition savante issue de Haydn, Mozart et
Beethoven et de l'autre, les tourbillonnantes valses de la famille
Strauss et l'insouciante expressivité des Kaffeehaus [cabarets]*. Natif de
Salzbourg, Wolfgang Amadeus Mozart adopte la capitale autrichienne
comme nouvelle patrie de coeur et d'esprit en 1782. Cette année-là,
il fonde une famille et entreprend la composition de son dense et
déchirant 15e quatuor, deuxième et plus court des six quatuors dédiés à
Haydn avec lesquels il élabore « à la sueur de son front » une esthétique
résolument nouvelle. La tonalité de ré mineur de ce quatuor est liée,
comme toujours chez Mozart, à des circonstances biographiques
particulières - ici la naissance du premier fils de Wolfgang et
Constance - : en même temps que Raimond Leopold, est née une oeuvre
à la conclusion bienheureuse et d'une absolue transcendance.

En 2019, le Club Appassionato fait l'acquisition d'un violoncelle, instrument
d'exception du luthier Joël Klépal. À chaque édition du concours, le Club
prête cet instrument au musicien le plus prometteur de sa génération. 
Le lauréat est désigné à l'occasion d'un concert de la saison, à l'issue 
des délibérations d'un jury constitué de professionnels, de spectateurs 
et de mécènes. Ce lauréat reçoit le privilège de se produire dans le 
cadre de la Saison du Conservatoire & Orchestre de Caen à l'occasion 
de deux concerts. En 2021, le lauréat du concours Appassionato Joël 
Klépal était Alejandro Gómez Pareja, ici en photo avec le violoncelle.

 
Georg Friedrich Handel (1685-1759)
Concerto pour orgue, opus 7 n°4
Ralph Vaughan Williams (1872-1958)
Trois préludes gallois
Judith Weir (née en 1954)
Ettrick Banks
Gabriel Fauré (1854-1924)
Fileuse et Sicilienne de Pelléas et Mélisande (arrangements de Louis Robilliard)
Alexandre Guilmant (1837-1911)
Marche Funèbre et Chant Séraphique
Charles-Marie Widor (1844-1937)
Symphonie n°8 en si mineur opus 42 n°4, extraits

 
Georg Muffat (1653-1704)
Toccata Prima
Arthur Phillips (1605-1695)
A Ground
Nicolas de Grigny (1672-1703)
Hymne “Verbum supernum”
Plein Jeu / Fugue à 5 / Récit en dialogue /
Récit de Basse de Trompette ou de Cromorne
Pièces anonymes, XIIIe et XIVe siècles 
Organum Hec Dies
5 versets Cunctipotens Genitor Deus 
Estampie
Michael Radulescu (né en 1943)
Ricercari Opus 28
Organa / Versus / Estampie
Pablo Bruna (1611-1679)
Tiento de primer tono de mano derecha
Cuatro Pange lingua de quinto tono
A dos tiples o Entero / Partido de mano derecha / Entero
Nicolaus Bruhns (1665-1697)
Prélude en mi mineur, “le grand”

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Choral “Komm, heiliger Geist, Herre Gott” BWV 652
Choral “Komm, Gott, Schöpfer, heiliger Geist” BWV 667
Choral “Liebster Jesu, wir sind hier” BWV 730 
Sonate en trio n°6 en sol majeur BWV 530 
Choral “Herr Gott, dich loben wir” BWV 725 
Toccata, adagio et fugue en do majeur BWV 564

 
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Prélude et fugue en mi majeur BWV 566, pour orgue
Sonate en sol mineur BWV 1029, pour orgue et viole
Partita pour violon seul n°2 en ré mineur BWV 1004,
extraits : Allemande, Sarabande, Courante (transcription pour viole de gambe)
Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788)
Sonate pour viole de gambe et clavier en sol mineur Wq 88, H 510

 
Alexandre Guilmant (1837-1911)
Première sonate en ré mineur, opus 42
Maurice Duruflé (1902-1986)
Méditation pour orgue, opus posthume
Suite opus 5, Prélude - Sicilienne - Toccata

 
À l'instar de l'intégration mathématique permettant de calculer les 
courbes de fonctions de plus en plus complexes, Edgard Varèse étudie, 
avec Intégrales, les relations changeantes, mouvantes, mais interdépendantes entre deux groupes d'instruments, 11 vents et 17 percussions. 
«La pièce est conçue, précise le compositeur, comme une série de 
variations où les changements auraient résulté de légères altérations 
de la forme d'une fonction ou de la transposition d'une fonction à 
l'autre.» À la fin du XVIIIe
 siècle, il suffisait de trois instruments à percussion
pour évoquer ce que l'on pouvait alors imaginer de plus exotique, les 
«turqueries». Joseph Haydn utilisa ce groupe d'instruments pour 
sa Symphonie n°100, dite «militaire», laquelle, au moment de sa 
composition en 1794, était d'une criante actualité puisque la Guerre de 
la Première Coalition (incluant le Royaume-Uni dont la capitale Londres 
accueillit avec enthousiasme le compositeur autrichien) faisait rage sur 
le continent. L'extraordinaire Concerto pour deux violons (1950) de 
Bohuslav Martinů est certes composé pour deux violons, mais ce sont 
deux violons jumeaux, voire jumeaux siamois, tant est spectaculaire 
l'écriture destinée, dirait-on, à un violon «à quatre mains». Prodigieux !