DELIT D'ERRANCE

La comédienne et chanteuse Faïza Kaddour s'est mis en tête de faire redécouvrir l'œuvre de Colette Magny, qui consacra toute sa vie à révolutionner la chanson, tournant ainsi le dos à une carrière toute tracée et aux paillettes de la variété. Depuis ses débuts en 1962, en passant par Mai 68, jusqu'aux années 90, elle n'eut de cesse de compromettre le blues avec une poésie ancrée dans l'actualité sociale et politique.



Accompagnée de Jean-Luc Bernard aux percussions et mise en espace par Jean-François Toulouse, Faïza, coiffée par Albane d'Argence, articule interviews et chansons de Colette tout remontant le fil de son roman familial et intime.



Mes parents se rencontrent au milieu des années 60 par hasard dans un café parisien où Colette Magny a l'habitude de chanter ses compositions. Ma mère n'en garde qu'un vague souvenir : « C'était une grosse femme, qui jouait affreusement de la guitare et chantait de façon bizarre dans un coin du café ». Pourtant ma mère se pâme devant la chanson Melocoton dès qu'elle l'entend à la radio. Mais elle ne fait pas le lien entre la grosse femme du café et la voix mélodieuse de la comptine à succès. Mon père, lui, écoute attentivement Colette Magny et tous les autres chanteurs français dès qu'il en a l'occasion : émigré algérien illettré, il a pris l'habitude d'apprendre la langue française en écoutant des chansons.